Edward Khan

    
    

    
    
    
    

  

Histoire

  

Mon histoire, comme toute histoire, commence par une naissance. Mais pas forcément par mon arrivée sur cette Terre. Néanmoins, avant d'aborder ma naissance, il faut que j'explique un peu d'où je viens et le pourquoi du comment du parce que je suis né dans le monde du cirque.
Tout commença dans une clinique de York où je vis le jour, moi, Edward Riley Stevenson Khan, deuxième enfant de mes parents dont les noms importent peu. Tout ce qu'il faut savoir, c'est que mon père était irlandais, ma mère anglaise et que les deux tenaient énormément à leur statut public de riches au cœur froid. C'est donc dans une atmosphère digne d'un congélo que j'ai grandi, sans même avoir le réconfort d'avoir une sœur puisque que Claire était toujours le nez dans des bouquins ou en train de faire ami-ami avec les enfants d'autres familles aussi mortellement ennuyeuses que la mienne. J'étais un enfant silencieux, renfermé, et pendant environ six mois, je n'ai pas prononcé une parole. Heureusement que ma nanny était là et qu'elle l'a remarqué, sinon, j'aurais pu passer ma vie muet sans que cela ne choque personne. Enfin bref. Je n'étais pas aussi brillant que mon ainée mais j'avais d'assez bons résultats pour que l'on me fiche la paix. Jusqu'à mes 13 ans. Age à partir duquel mon père a décidé de se pencher sur le fruit de ses....entrailles. Pour en faire un homme capable de reprendre le blason oh combien glorieux des Khan. Bien que je n'ai jamais compris en quoi être des descendants d'un certain colonel envoyé aux Indes pour y contrôler les populations autochtones soit un si grand honneur. Son nom de Khan (prince), il l'a extorqué par la violence. Mais laissons cela de côté. Je disais donc que mon cher et tendre papounet a voulu faire de moi sa copie conforme en plus petit (et en plus beau gosse). Sauf qu'il s'est avéré que j'étais plus littéraire et sensible que froid et calculateur. Par ailleurs, j'étais du genre à rester à l'intérieur, à penser, à imaginer plutôt que je gonfler mes muscles au rugby ou au cricket. En plus, je passais tout mon temps à m'entraîner à la magie, après avoir découvert un vieux coffret dans une poubelle (non, je ne suis pas fier). Les longues heures que j'ai passé à exercer, à assouplir mes doigts encore et encore. Je me sentais fort, puissant. Libre. Mais évidemment, mon secret n'en est pas resté un très longtemps.  Quelle honte pour toute la famille ! Il a fallu prendre les choses en main. Et vite. Alors ce furent de longues heures avec des professeurs particuliers, que ce soit pour les matières enseignés à l'école (alors que j'étais dans les meilleurs de ma classe) aussi bien que pour le sport ou autre. J'ai réagi comme je l'ai pu, en m'emmurant l'esprit dans un monde intérieur où j'entreposais ma haine et ma colère. Je suppose que c''est à ce moment qu'est né l'Autre, mon moi violent.
Avant j'étais schizophrène, maintenant nous allons mieux.
En cours, ça n'allait pas fort non plus. Moi, gosse de riche sensible et mutique, j'étais un bouc-émissaire de choix. Alors c'était racket et insultes. Auxquelles je ne répondais jamais. Ce qui n'a fait qu'énerver encore plus mon père. Pendant cette période si difficile qu'est l'adolescence, je me suis par ailleurs rendu compte que j'appréciais la compagnie masculine pour autre chose que l'amitié pure et virile. Et bien que je ne sois pas du genre à me faire engager dans l'équipe du lycée pour mâter sous les douches, j'ai été déclaré tête de turc. Combien de fois suis-je rentré le nez en sang sans que personne ne m'en fasse la moindre remarque ? J'ai arrêté de compter au bout de 24. Entre la pression familiale et les difficultés au lycée, j'avais du mal à me retrouver au calme, même avec la magie à laquelle je m'exerçais longuement. Mon feu de rage intérieur me consumait de plus en plus, menaçant de me briser. Et ce qui devait arriver arriva. Ente l'implosion et l'explosion, j'ai choisi la deuxième option.
C'était un jour ensoleillé, tous les élèves étaient en mode larvaire sur les pelouses. J'étais sous un arbre, à manipuler encore et encore un paquet de cartes. Quand Jeremy et sa bande sont arrivés, la clope et le mépris aux lèvres. Ils m'ont insultés. Je suis resté muet. Jeremy a pris mon paquet et a enfoncé sa clope dedans, trouant les cartes une à une sous mes yeux avec un rire satisfait. J'ai baissé le regard, serré les dents. Ses copains ont ri, évidemment. J'ai vu Christopher, le jeune homme roux avec qui je partageais ma paillasse en biologie, celui que je pouvais passer des heures à regarder, à qui j'étais prêt à montrer mes tours, prendre la main de sa petite amie et s'éloigner furtivement. J'ai soupiré, reporté mon regard sur Jeremy et lui ai dit que comme il semblait avoir fini, il pouvait partir avec sa bande. Enfin, j'aurais pu le dire aussi calmement, si mon paquet de cartes avait été intact. Je crois que ça se rapprochait plus d'une invitation à aller embrocher ses copains ailleurs que sous mon nez. Jeremy n'a pas aimé. Il a aboyé plus qu'il n'a ordonné à deux de ses copains de me saisir et il m'a appliqué sa cigarette allumée sur le bras, pour "m'apprendre les bonnes manières". Là, je me suis senti partir. Je me suis vu écraser, broyer le dessus du pied d'un des types à grands coups de talons, balancer mon genou dans le ventre de l'autre et chopper Jeremy à la gorge. Nous avons basculé, moi sur lui, et je lui ai explosé chaque partie du visage à coups de poing. Il m'a supplié d'arrêter. Je ne l'a pas  fait. La cigarette avait roulé sans rien embrasé ni s'éteindre....les paupières de Jeremy Kyllmer garderont probablement pour toujours la brûlure. Fumer tue.
Evidemment, j'ai été renvoyé. Et mes parents n'ont pas apprécié. Je crois que pour une fois, je les comprenais un peu. J'aurais pu redevenir le gentil petit garçon obéissant et silencieux mais je sentais que je ne tiendrais pas. Que ce n'était plus possible. Alors j'ai pris mes affaires, mon précieux matériel de magie, et je suis parti. Par la grande porte, sans un mot. A 16 ans. J'ai eu mon diplôme dans un petit lycée perdu, sans que personne n'apprenne qui j'étais et pourquoi j'avais changé d'établissement au beau milieu de l'année scolaire. Après, j'ai fait des études, j'ai pas mal bougé dans toute la Grande-Bretagne, payant mes études à coups de petits boulots, incluant la magie ou non.
J'ai commencé à m'améliorer, à me faire un semblant de nom...non, c'est pas vrai, j'étais magicien de rue, de métro, de bar mais je n'étais pas célèbre. Néanmoins, entre la magie, la plonge, le service en salle et le strip-tease, j'ai tout de même réussi à bouger mes fesses jusqu'aux Etats-Unis. Pas mal non ?
J'ai pas mal baroudé jusqu'à ce que je tombe sur le Noah's Ark Circus. Une véritable chance. Je suis parti tête baissée, c'est sûr et je n'a aucune idée de quoi sera fait l'avenir. Mais la chance sourit aux audacieux et tant que j'aurais mes tours et ma passion, rien ne m'arrêtera (l'amitié triomphera Pokémon !)